samedi 26 septembre 2015

Fortune des Rougon, L.A n°2

p.127-128, l.833 à 863

Par ???
Introduction ???
 

Citations Procédé Interprétation
« tête, édenté »  Ch. lexical corps
« étudier, naturaliste, H.Naturel, hérédité » Ch. lexical science
« il regarda, il écoutait, il ne pouvait voir » Ch. lexical sens
« il »  « les » « eux » Pronoms Il est extérieur à la scène
« stupéfait » « l’intérêt » Ch. Lexical curiosité
« ménagerie » « toute une soirée » « s’y ennuya » « s’amusa » « prodigieux » Ch. Lexical foire Impression de spectacle
« Cause donc »
Il ne parle pas, il écoute, observe
«animal » « sauterelle » « crapaud » « mouton » Ch. Lexical animaux
« je ne suis pas vétérinaire » pointe
« 

« bavardages vides » « geindre » « bégayer »

« prodigieux » « je ne suis pas vétérinaire » Ironie
« exactement une grande sauterelle » Adverbe hyperbolique

Ch. Lexical hypocrisie
l.21 à 23 Allitération en « s » Ils sont comparés à des serpents
« blême et visqueux » « gras, édenté, vieux Adjectifs dévalorisants
 
Symbolique : « vieux dogue édenté » il est sans défense
« Mouton gras » il suit sans réfléchir, est bête
« Crapaud visqueux » il est malsain, dégoutant
« Grande sauterelle » il est vif, malin
« Veau » il est bête, mou, il se plaint


Ouverture :
Nous pouvons le comparer à la ferme des animaux de Georges Orwell car comme Zola il se moque de la société au travers d’animaux qui ont tous une personnalité humaine comme les membres du salon jaune qui sont humains mais comparés à des animaux


Pour une L.A plus détaillée : (attention, les lignés indiquées sont celles de la photocopie).


I. Le regard de Pascal : un regard distancié de scientifique



A. Pascal reste à l'écart

-La raison de sa présence ici n'est pas politique mais affective : « pour ne pas la chagriner » (sa mère).

-Opposition « il » et « ils »

-énumération des tous les participants, et lui en opposition, l.5 à 7.

-ne participe pas aux conversations comme le suggère l'injonction de Félicité : « Cause donc »

-il refuse même de participer à ce monde : phrase négative : « je ne suis pas vétérinaire ».



B. Il paraît comme au spectacle

-point de vue interne → nous fait partager ses impressions (qui sont également celles de Zola : Pascal apparaît comme la représentation zolienne dans la diégèse)

-C.L des sens(il est attentif) : verbes « il regarda », « il écouta », « il l'écoutait », « le voir »

-lexique de l'étonnement : « stupéfait », « continuel étonnement »

-semble au spectacle : « s'y ennuya moins qu'il ne le craignait » (litote qui crée un effet d'attente chez le lecteur, avide de découvrir ce qui l'a amusé) « s'amusa », « prodigieux », « des animaux curieux » 



C. Il porte un regard de scientifique

-lexique des actions de scientifique : « étudier », « mesurer son angle facial », « cherché à surprendre les sens », « il établit des ressemblances »

-lexique de l'étude : « intérêt d'un naturaliste », « histoire naturelle comparée », « les observations qu'il lui était permis de faire »

-C.L du corps humain

-il est le sujet de nombreuses phrases, où les habitués du salon jaune sont objet (COD ou COI), comme objets d'étude.

-les objets de son étude sont variés : « il l'écouta bégayer » ; « leurs occupations et leurs appétits » → leur langage, leurs activités, leur nourriture, comme quand on étudie une nouvelle espèce.

-ce qui l'intéresse particulièrement, c'est, comme chez Zola, la notion d'hérédité : « la façon dont l'hérédité se comporte chez les animaux » l.17



II. La satire du salon jaune



A. Des personnages animalisés

-métaphore filée qui commence par des comparaisons l.7 : « les anciens marchands d'huile… lui parurent des animaux curieux » ; et « leurs bavardages vides, comme il aurait cherché à surprendre les sens du miaulement d'un chat ».

-terme dévalorisant « ménagerie » l.19

-saisit d'abord les personnages dans leur ensemble : pluriel : « des animaux », « les animaux », et possessif pluriels : « leurs occupations », « leurs appétits », « leurs bavardages ».

-puis la métaphore se poursuit en décrivant un à un les personnages-animaux, ce qui contribue à les déshumaniser

-les animaux sont choisis pour leur laideur (crapaud et dogue) ou leur bêtise (mouton, veau)

-la métaphore se termine sur la pointe finale de Pascal : « Je ne suis pas vétérinaire » l.38.



B. Des personnages déshumanisés

-d'abord une déshumanisation par la déformation physique : « masques figés dans une grimace » l.9-10 (or masque = hypocritès en Grec → hypocrisie)

-déshumanisation par le suggestif « degré d'imbécillité » l.4 (or en médecine, « imbécillité » = arriération mentale congénitale… on retrouve l'idée d'hérédité)

-chaque animal est en plus associé à un qualificatif de la laideur : « blême et visqueux » (en hypallage, puisque c'est « l'impression » qui est « blême et visqueuse » = montre le dégoût de Pascal, malgré son regard objectif de scientifique) , « gras », « vieux », « édenté ».

-déshumanisation par l'absence de discours rapporté : les hommes-animaux semblent ne pas réfléchir, construire, intellectualiser : le seul discours rapporté est du discours indirect libre : « les républicains, ces buveurs de sang » → aucune nuance, métaphore du vampire, exprime ironiquement la peur grossière et brute de Granoux.

-déshumanisation par la perte du langage humain articulé  : « bavardages vides » l.11, « bégayer quelque vague injure » l.29, « l'entendre geindre » l.31 + « aboiement » et « miaulement » (par opposition à Pascal qui lui, maîtrise non seulement le langage humain, mais de surcroît le langage scientifique).





C. La satire par la caricature

- registre ironique : l. 29 : « prodigieux Granoux », l.27 « plus doux », l. 39 « je ne suis pas vétérinaire », l. 24 « exactement ».

-C.L de l'hypocrisie (ce qui est dénoncé)

- allitération en [s] l.21 à 23 : les habitués du salon jaune sont des serpents (symbolique du mal).


Il est intéressant de comparer cette scène avec la description plus objective de ces mêmes personnages p. 128 et 129 : on y découvre de très nombreux points communs.

-« grande sauterelle verte » : vert comme maladie ; sauterelle comme insecte discret, qui se fond dans la nature→ le marquis agit très discrètement, on ignore même s'il est le père de Félicité. Son parti politique est effectivement moribond.

-« un crapaud » : laid et dégoûtant, il est à associer à la luxure et aux plaisirs de chair (on apprend plus tard que Vuillet vend sous le manteau des images pornographiques à des collégiens), au diable. Vuillet est l'envers de ce qu'il prétend être.

-« un mouton gras » : chez Rabelais, l'épisode du mouton de Panurge raconte comment Panurge se venge d'un marchand de moutons grâce à la bêtise de l'animal et instinct grégaire (il en jette un par-dessus bord, tous les autres sautent avec lui) → Roudier est bête et conformiste, il suit celui qui saura l'engraisser.

-« un vieux dogue édenté » : à l'origine, le dogue est un chien de combat → Sicardot a combattu dans la Grande Armée de Napoléon. Mais vieilli, affaibli, et finalement, inoffensif.

-« un veau » : à la fois symbole d'opulence (on sacrifie le veau gras dans la bible) et de mollesse, d'absence de volonté → Granoux est « satisfait et ahuri » selon la description de la p.128. Il suit également celui qui saura l'engraisser au maximum, en faisant le minimum d'efforts. 


Remarque : d'après Dominique Trouvé (dossier pédagogique de l'édition Belin Gallimard), la satire est une satire des partis politiques :

-Le marquis, légitimiste = « une grande sauterelle verte » = « partis historiquement fini »

-Vuillet, parti clérical = « un crapaud » répugnant = « agit dans l'ombre et avec sournoiserie »

-Roudier, orléaniste et riche propriétaire, ancien fournisseur de la cour (p.129) = « un mouton gras » = il a su profiter du règne de Louis-Philippe pour prospérer = « profiteur du parti de l'ordre ».

-Le commandant Sicardot, bonapartiste, ancien fidèle de Napoléon I (p.129) : « un vieux dogue édenté » = « violent et dépassé »

-Granoux, ancien marchand d'amandes, membre du conseil municipal (p.128) = « un veau » = « profiteur et passif »
 



Conclusion : voir les caricatures de Grandville ou Daumier.


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